L’année 2015 sera riche de commémorations diverses et variées dans le monde de l’alpinisme. Des villes comme Breuil Cervina en Italie, Chamonix en France et Zermatt en Suisse célébreront la conquête de leur où de l’un de leurs plus emblématiques sommets.
1865, il y a donc 150 ans, est considérée comme l’apogée de l’âge d’or de l’alpinisme avec la conquête du Cervin côté Suisse et Italien à 3 jours d’intervalle. A Chamonix c’est l’aiguille verte qui est gravie 15 jours plus tôt.
L’âge d’or qui court donc sur une période d’à peine plus de 10 ans est donc riche (c’est normal étant d’or) de nombreux récits sur les aventures vécues par ces découvreurs.
Comme nous sommes au début de l’hiver c’est l’occasion de revenir sur deux anecdotes moins connues de ces pionniers de l’alpinisme et s’étant déroulées en cette saison.
La première concerne ce que l’on peut je pense estimer être la première tentative hivernale au Cervin. C’est le 7 janvier 1862 qu’un britannique de Leeds T.S. Kennedy accompagné de deux guides Suisse Pierre Perrn et Pierre Taugwalder s’attaque au Cervin par l’arête du Hörnli après avoir passé la nuit dans la petite chapelle du Schwarzsee. Leur tentative prend fin assez tôt. Edward Whymper dit à propos de cet essai et avec un humour tout Britannique « il ne tarda pas à constater qu’en hiver la neige obéissait aux lois ordinaires, et que le vent et le froid n’étaient pas moins rigoureux qu’en été. »* Après être redescendus d’une soixantaine de mètres ils érigèrent un cairn marqué au point 3298 mètres sur la carte Suisse du général Dufour (non, non ce n’est pas notre Dufour à nous). De nos jours à cet endroit se tient le refuge du Hörnli, point de départ de la course.
La deuxième histoire concerne Charles Hudson (1828-1865). Il se tuera à la descente du Cervin lors de la première. Nous sommes à la fin de l’hiver puisque c’est le 30 mars 1853 que Hudson décide de monter au mont Blanc depuis notre cher village de Saint-Gervais. Il donne rendez vous à 21h00 à l’hôtel du mont Joly à un nouveau collaborateur nommé Mollard qui est du village des Contamines. Celui ci accompagnera par la suite Hudson plusieurs fois dans ses tentatives au mont Blanc par des voies nouvelles. Hudson raconte « après avoir bu du thé avec Mollard nous sommes partis à 10h00»
NDLR : boire du thé pour Mollard devait être aussi une première.
Ils traversent, à pied bien sûr les villages de Bionnay et Bionnassay et retrouvent deux autres compagnons : Cuidet et un troisième chasseur de chamois. Comme il est plus de minuit la neige présente depuis en dessous le hameau est dure et craque sous les pas des marcheurs. Ils longent dans l’obscurité la rive droite du glacier de Bionnassay et gravissent les pentes raides et enneigées de Pierre Ronde et de Tête Rousse. Ils débouchent peu après le lever du soleil à un point d’où ils découvrent cette magnifique (cela n’engage que Hudson) aiguille du Goûter. Un quart d’heure plus tard ils sont au pied de l’aiguille où ils font halte.
Du groupe, Hudson demeure le seul à croire en cette ascension. Les conditions météorologiques ne semblent pas très bonnes et l’aiguille ne doit pas être bien engageante. L’un des chasseurs, Cuidet dit à Mollard « je vous donnerai 500 francs si vous montez là-haut aujourd’hui ! ». Ce à quoi Mollard répond avec une voix hésitante « j’ai bonne espérance ». On peut penser qu’à cette époque le mont Blanc était vendu 50 francs ce qui donne une idée de l’enthousiasme des compagnons de Hudson. Peu après en effet ils s’arrêtent et disent : « Monsieur, Monsieur, arrêtez-vous, c’est impossible d’avancer plus loin, il y a trop de vent… Regardez la neige et le brouillard. »**
Obstiné, Hudson continuera seul à monter pendant une heure et demie et s’arrêtera à un point situé d’après lui à 15 minutes du sommet de l’aiguille. Il effectuera deux autres tentatives en avril qui seront également infructueuses.
Hudson raconte « Celui qui, du pont d’un navire battu par la tempête, hurle de joie à l’approche des lames écumantes, ou celui qui, en montagne, dans le claquement du tonnerre, le sifflement des avalanches, trouve une jouissance supplémentaire à affronter les éléments en furie…, oui, les hommes de cette trempe comprendront dans quel état d’euphorie je me trouvais ! La grandeur sauvage de la montagne, les rayons de soleil qui se frayaient un passage à travers les nuages menaçants et l’admirable combinaison de glace, de neige et de roc (tient on dirait du Rébuffat) formaient un tableau sublime, propre à enchanter tous ceux qui chérissent vraiment la nature. » **
Cette volonté particulière est à mon sens un des éléments qui le conduiront à l’accident du Cervin le 14 Juillet 1865 mais cela est une autre histoire !
* "Escalades dans les Alpes" par E.Whymper édition Hachette 1875 chapitre 5. Première édition en Anglais 1871 chez John Murray.
** Tiré du livre écrit par C. Hudson et E.S. Kennedy "Où il y a une volonté, il y a un chemin", éditions de Belledonne, 2000, traduit de la deuxième édition originale "Where there is a will, there is a way", 1856.
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